Hervé Renard après la sensation face à l’Argentine : “Une émotion comparable à une victoire en finale de CAN”

Êtes-vous pleinement conscient de la performance réalisée par votre sélection face à l’un des favoris de cette Coupe du monde ?

Hervé Renard : Nous avons réalisé quelque chose d’extraordinaire. Peu de gens s’y attendaient et ce succès a été très médiatisé. Beaucoup de gens sont intéressés par la sélection saoudienne. Dans le pays il y eut des scènes de liesse dans toutes les villes, mercredi étant déclaré jour férié. Au Lusail Stadium, où il y avait une très belle ambiance, il y avait des milliers de supporters saoudiens, c’était vraiment très fort, un grand moment. Bien sûr, nous nous rendons compte de notre performance. Nous avons pu en profiter un peu dans le vestiaire, puis nous avons repris le bus jusqu’à notre hôtel, à une heure de route. Le soir, ils se sont entraînés avec les remplaçants. Et depuis, nous sommes complètement concentrés sur le match que nous allons jouer contre la Pologne samedi.

Retour sur la réunion de mardi. L’Argentine marque rapidement grâce à un penalty de Messi, elle domine, se voit refuser quelques buts, et on pourrait imaginer le pire pour votre équipe…

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HR : Le fait que les Argentins aient marqué après dix minutes a peut-être joué en notre faveur. Ils pensaient que ce serait assez facile contre une équipe qui était projetée comme la plus faible du groupe. Et quelque part ce n’est pas anormal. Nous, quand on affronte des équipes censées être moins fortes, il peut y avoir un excès de confiance. Alors, oui, il y a eu des choses intéressantes en première mi-temps : on a bien joué le hors-jeu, les joueurs étaient disciplinés, volontaires, mais globalement je n’étais pas satisfait, notamment avec la pression de mes attaquants sur la défense argentine.

Hervé Renard pendant Argentine-Arabie Saoudite

Crédit : Getty Images

Vous connaissant, on peut supposer que vous les avez un peu secoués à la mi-temps ?

RH : Exactement. J’ai dit à tous mes joueurs que nous devions donner encore plus. J’ai demandé à certains s’ils étaient venus prendre des photos de Lionel Messi et regarder jouer les Argentins, ou jouer une Coupe du monde et faire la fierté de leur pays. Je connais bien mes joueurs, nous travaillons ensemble depuis trois ans. Je sais qu’il faut parfois les pousser, voire les piquer, qu’il faut les mettre sous pression. C’est parfois fatiguant, je l’avoue, mais parfois ça marche très bien. Je savais que nous n’aurions pas beaucoup d’occasions et qu’il nous faudrait être très efficaces.

Votre équipe a pu profiter de la panne du match de l’Albiceleste. Nous avons vu des Sud-Américains coincés dans un individualisme excessif. Avez-vous senti qu’il y avait quelque chose à faire ?

HR : A partir du moment où on a été concentré, bien organisé, oui, on a profité de deux occasions pour marquer deux buts en cinq minutes (48e, 53e). Cette efficacité est venue au bon moment. Al-Dawsari marque ce deuxième but magnifique, mais par le passé il a déjà marqué de beaux buts. C’est un joueur atypique, capable de faire de très bonnes choses, très fort techniquement. Ayant pris l’avantage, il fallait essayer de garder cet avantage. Les joueurs ont su garder la même concentration, ils se sont battus sur tous les ballons, et athlétiquement ils ont gardé la même intensité.

La frappe de Salem Al-Dawsari qui a mis fin à sa course dans la lucarne contre l’Argentine

Crédit : Getty Images

Ce résultat ouvre la porte à une éventuelle qualification, une performance réalisée en 1994. Mais le plus dur ne commence-t-il pas par ce match face à la Pologne, qui a fait match nul avec le Mexique (0-0) après que Robert Lewandowski ait raté un penalty ?

HR : On sait à quoi s’attendre avec la Pologne, une équipe solide, bien organisée avec un attaquant exceptionnel qui n’a besoin que d’une demi-occasion pour marquer. On va essayer de confirmer cette performance réussie face à l’Argentine, pour continuer à croire en nos chances de qualification. On espère faire au moins aussi bien que l’équipe de 1994. Bien sûr, si l’Arabie Saoudite est éliminée au premier tour, tout le monde trouvera ça normal. Mais avec le staff, avec les joueurs, on veut que cette Coupe du monde ne se termine pas par cette belle victoire contre l’un des favoris, contre l’équipe du meilleur joueur du monde. On a passé une super journée, pleine d’émotions, on veut que cette Coupe du Monde soit belle. Nous n’avons pas de pression particulière. Le Prince Mohamed ben Salmane nous a simplement félicité avant la compétition pour notre qualification, que le peuple était fier et nous a souhaité le meilleur.

Votre équipe a passé plusieurs semaines en camp, face à des adversaires aussi divers que la Macédoine du Nord (1-0), l’Islande (1-0), l’Albanie (1-1), le Honduras (0-0)…

HR : Le championnat a été interrompu pour qu’on puisse travailler plus d’un mois, jouer des matchs amicaux. Le but n’était pas de rentrer dans la configuration Coupe du monde, mais de travailler tactiquement, physiquement pour bien se préparer. C’était bien de gagner quelques matchs, mais ce qui comptait, c’était d’arriver en finale dans les meilleures conditions. On a battu l’Argentine, il nous reste encore deux matchs à jouer contre la Pologne et le Mexique, deux très bonnes équipes. Mais je suis content de voir que notre prestation et celle du Japon contre l’Allemagne (2-1) prouvent la qualité du football asiatique, alors qu’il y a des gens qui disent que se qualifier quand on joue en zone asiatique, c’est facile. L’Arabie Saoudite est un vrai pays de football, avec un championnat de qualité, de très bons joueurs.

Avec l’Arabie saoudite, Hervé Renard participe à une nouvelle Coupe du monde.

Crédit : Getty Images

Une victoire contre l’Argentine est-elle émotionnellement comparable à une victoire en finale de la Coupe d’Afrique des Nations, une compétition que vous avez remportée avec la Zambie en 2012 et la Côte d’Ivoire en 2015 ?

HR : Honnêtement, oui. Les émotions en valent la peine. La différence, c’est que la Coupe du monde est beaucoup plus médiatisée qu’une CAN. J’ai pu mesurer l’écho de notre succès face aux Argentins. Oui, ce sont des joies immenses et comparables !

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