
S’il y a un risque de coupures d’électricité pour l’hiver qui vient, le prochain est très redouté par les autorités.
L’hiver qui arrive est au cœur de toutes les interrogations. Y aura-t-il des coupures de courant pendant les heures de pointe, entre 8 h et 13 h et entre 18 h et 20 h ? Si la situation en décembre semble encourageante, elle sera plus difficile en janvier et février, où le risque de pannes est élevé selon RTE.
Mais surtout, c’est l’hiver prochain qui nous inquiète le plus. Interrogée sur BFM Business, la présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) Emmanuelle Wargon a prévenu : « Nous avons de bonnes chances que ça ne finisse pas trop mal à l’hiver 2022-23. Pour 2023-2024, encore . très instable”, a-t-il ajouté, admettant que ce deuxième hiver sous tension sera “probablement” le plus dangereux.
“La situation sera plus difficile pour le gaz”
Une crainte fondée selon Thierry Bros, professeur à Sciences Po et expert en énergie. “Concernant le gaz, nous savons que la situation sera plus difficile cette année. A cause de la guerre en Ukraine, même si les stocks sont pleins, il sera difficile de les remplir avant l’hiver prochain. , de plus c’était l’hiver dernier. Nous allons ne pas pouvoir trouver autant de sources de gaz qu’avant pour remplacer le gaz russe », explique l’expert.
En effet, le conflit en Ukraine a éclaté le 24 février 2022, ce qui signifie que l’approvisionnement en gaz de la Russie était encore assuré durant l’hiver précédent, permettant ainsi de maintenir un niveau élevé de ressources, aujourd’hui pleines à 100 %.
Y a-t-il une amélioration de la production nucléaire ?
Quelque chose, encore mieux, sur l’électricité cette fois. “Concernant le nucléaire, on peut espérer que la situation sera meilleure que cet hiver, en pariant sur plus de centrales en fonctionnement par an”, a poursuivi Thierry Bros, ajoutant que “la puissance d’entre elles ne sera plus aussi nombreuse que par le passé”.
Jusqu’à 27 des 56 réacteurs nucléaires français ont été arrêtés ces dernières semaines, privant la France d’une grande partie de sa base de production. Une grande partie des fermetures de centrales sont dues à des retards décennaux de maintenance, dus aux obligations liées à la pandémie de Covid, et à la découverte l’hiver dernier de problèmes de corrosion, qui ont contraint EDF à une inspection générale des réacteurs.
Des entreprises en péril ?
Un optimiste s’indigne d’Emmanuelle Galichet, physicienne nucléaire et chercheuse au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), pour qui la situation sera difficile « tant qu’on n’aura pas fini le bilan décennal des réacteurs de 1 300 et 1 400 MW, je disons jusqu’en 2025. Il y aura encore deux hivers très difficiles”, raconte-t-il à Midi Libre.
Les conséquences, craint Thierry Bros, « puisque nous n’aurons pas d’énergie plus et moins chère, la désindustrialisation qui a commencé, va s’intensifier, et cela va équilibrer le système. » Mais les entreprises qui ont besoin d’énergie comme Duralex et Arcelor Mittal risquent de mourir. , d’autant plus qu’il n’y aura pas de nouvelle centrale avant 2040. Le choix de fermer Fessenheim est une erreur que nous payons aujourd’hui », conclut un expert.
Lors de la dernière campagne présidentielle, Emmanuel Macron a annoncé dans son programme sa volonté de construire six à quatorze EPR, et d’agrandir le parc nucléaire existant. Le premier est prévu pour 2035.
VIDEO – Thierry Bros : “La question est : pourrons-nous d’une simple pression sur un bouton avoir l’électricité cet hiver ?”